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    Pourquoi vous devriez étudier
    le Credo des Apôtres

    Pendant des siècles, le Credo a été utilisé par les chrétiens du monde entier pour les guider dans l’adoration du seul vrai Dieu de l’univers, il a été étudié et expliqué par les mastodontes de l’étude théologique comme Saint Augustin et Calvin et il a protégé l’Église de l’hérésie et de l’enseignement hétérodoxe. Pour ces raisons, le Credo des Apôtres mérite notre attention.

    Le Credo comme résumé

    Lorsque j’étais un adolescent dans les affres de la vie étudiante nord-américaine, il arrivait souvent qu’on me confie un roman à lire et à en rédiger un résumé. Comme j’étais jeune, stupide et insouciant, je capitulais généralement devant le péché mortel de la procrastination. C’était peut-être la grâce de Dieu pour moi, mais je le remercie infiniment pour Spark Notes pendant cette période de ma vie. Spark Notes est un site Web qui fournissait des résumés faciles à lire des livres qui m’étaient assignés et qui m’a donc aidé à réussir mes projets.

    Si j’évoque ce sujet, c’est simplement parce que je pense qu’il illustre bien la fonction du Credo des Apôtres. Les Spark Notes fournissent le résumé du livre, mais ce résumé ne peut jamais remplacer le livre lui-même. Le livre est la source primaire à partir de laquelle Spark Notes tire son résumé ; pas de livre, pas de résumé. De même, le Credo des Apôtres fait office de résumé des enseignements chrétiens fondamentaux que l’on trouve dans notre source première, la Bible. Le Credo ne remplace pas l’Écriture ni ne domine pas l’Écriture. En fait, il ne peut pas le faire précisément parce qu’il provient de l’Écriture.

    Par conséquent, nous devons considérer le Credo comme un résumé. J.I. Packer, dans son merveilleux petit livre Affirming the Apostles Creed (Affirmer le Credo des Apôtres), compare le Credo à quelque chose d’apparenté à une « déclaration en power-point des bases du message chrétien ». Ce n’est pas comme si le Credo disait « c’est tout ce que vous devez savoir dans votre marche avec le Christ », mais il dit « c’est le minimum que vous devez affirmer pour marcher avec le Christ ». Comme le dit Albert Mohler, « Tous les chrétiens croient plus que ce qui est contenu dans le Credo des Apôtres, mais aucun ne peut croire moins. » Le Credo est un résumé de l’enseignement scripturaire et ne remplace en aucun cas la Bible comme source principale dans la vie du croyant.

    Alors, que résume exactement le Credo comme étant essentiel à la foi chrétienne ? De façon surprenante, beaucoup de choses. C’est étrange pour nous au vingt-et-unième siècle qui sommes tellement habitués à une limite de cent quarante caractères. Nous essayons de distiller notre foi dans les déclarations les plus succinctes possibles. Ainsi, nous sommes surpris lorsque nous regardons le Credo des Apôtres et que nous constatons que réduit à l’essentiel, il inclut : la Trinité, la création, l’Incarnation, le Fils, le Saint-Esprit, l’Église, le pardon des péchés, la résurrection du corps, et plus encore.

    Certes, cela ne ressemble pas à un résumé, mais aux prémices d’une théologie systématique. Pourtant, l’Église d’antan considérait ces éléments comme importants. Assez importants pour les compiler et les utiliser dans leurs Églises, et donc, nous devrions aussi le faire. Le Credo résume beaucoup de grands sujets, mais il s’agit de grands sujets sur lesquels nous avons désespérément besoin de nous recentrer à notre époque.

    Le Credo comme arbitre

    Nous avons montré précédemment comment le Credo dérive de l’Écriture – sa source première – et agit comme un résumé de ce que la Bible enseigne. Puisque la Bible est notre autorité ultime en matière de foi et de vie dans la communauté chrétienne, le Credo, de la même manière, souligne ce qui est important et ce qui ne l’est pas. Nous pourrions dire qu’il nous aide à voir ce qui est d’une importance primordiale par rapport à une importance secondaire. Cette facette du Credo des Apôtres est extrêmement utile pour repérer les systèmes ‘christiques’ qui, en fait, ne sont pas du tout chrétiens.

    À ce stade, certains d’entre vous se disent peut-être : « Le Credo ne fait-il pas qu’exacerber des divisions inutiles entre les Églises ? Il semble plutôt insignifiant que quelqu’un croie ou non à la Trinité ou aux deux natures de Jésus. Ne devrions-nous pas plutôt accepter une multitude de croyances chrétiennes ? » Cependant, nous devons réaliser que ce qui est en jeu ici n’est rien de moins que l’Évangile lui-même. Croire en quelque chose qui s’oppose aux enseignements du Credo, c’est rejeter l’Évangile. Parfois, les divisions sur des points théologiques de niche peuvent sembler insignifiantes, mais il est en fait extrêmement important pour ce que nous proclamons en tant qu’Église de savoir exactement ce que nous croyons sur les points fondamentaux.

    G.K. Chesterton le dit parfaitement dans son livre Orthodoxy : « Ce n’était qu’une question de centimètre ; mais un centimètre représente tout quand on est en équilibre. » L’Église est en équilibre sur le véritable Évangile que l’on trouve dans les Écritures et que l’on affiche dans le Credo. Dévier d’un pouce, c’est tomber vers notre mort. Pour ces raisons, le Credo agit comme un arbitre entre la croyance acceptable et l’hérésie inacceptable.

    Le Credo comme l’attache

    Au vingt-et-unième siècle, le progrès est un dieu. Nous sommes fermement ancrés dans une société technologique toujours tournée vers l’avenir et jamais vers le passé. Nous nous sommes retranchés dans la technique, incapables de nous défaire de son emprise implacable qui nous tire vers un avenir inconnu et nous éloigne du passé connu. Ce prétendu « progrès » est le pain et le beurre du XXIe siècle. Pourtant, il nous serait peut-être utile de nous tourner vers le passé. Peut-être que le fait d’avoir des racines historiques dont les vrilles s’étendent à travers le temps, l’espace, les peuples et les nations nous ancrerait dans le présent. Le Credo des Apôtres – ainsi que les autres Credo historiques – fournit ce lien avec le passé dont nous avons si désespérément besoin.

    Depuis près de deux mille ans, le Credo des Apôtres est utilisé dans les Églises du monde entier pour exprimer clairement ce que nous croyons. Lorsque nous récitons le Credo, nous ne nous contentons pas de bouger les lèvres et de dire un banal charabia. Nous récitons le même Credo que Saint Augustin, le même Credo qui a inspiré Jean Calvin pour écrire ses instituts, le même Credo que les Églises à travers de multiples nations et de multiples siècles ont proclamé. Lorsque nous récitons le Credo, cela montre que nous refusons de capituler devant le récit culturel selon lequel le plus récent est toujours meilleur. Il montre que nous résistons à la régression par la progression. Il nous lie à notre passé en nous rappelant que nous adhérons à un seul Évangile et que nous faisons partie d’une seule Église. C’est une affirmation de « notre héritage chrétien commun » des « croyances fondamentales qui unissent les chrétiens à travers le monde et les siècles ».

    Le Credo nous aide à regarder vers l’avenir, en nous rappelant ce que nous devons proclamer au monde, tout en nous reliant au passé. Le Credo nous retient au présent. Il nous relie à une histoire commune tout en nous dirigeant vers l’avant, en nous plantant fermement dans le moment présent. Il nous empêche d’avoir un esprit tellement eschatologique que nous devenons nuls en termes de missiologie. Il nous empêche de nous concentrer sur le « progrès » en nous rappelant que notre foi n’a pas changé au fil des ans, mais qu’elle est restée la même. Ainsi, le Credo nous unit à nos frères et sœurs en Christ d’autrefois qui ne sont pas morts, mais vivants en Christ et nous encouragent à continuer à vivre pour le Christ aujourd’hui.

    Le Credo en tant que théologie

    Un de mes théologiens préférés est un Néerlandais qui s’appelle Herman Bavinck. Vivant à la fin du dix-neuvième siècle et au début du vingtième, son œuvre théologique traite de manière significative des problèmes auxquels nous sommes confrontés dans la modernité. L’un des aspects les plus remarquables de sa théologie est sa lutte, en tant que théologien, contre l’aversion des gens pour les études théologiques. L’étude académique rigoureuse requise pour bien faire de la théologie a fait que les gens ont commencé à considérer la théologie comme inutile à la pratique religieuse. Pire encore, ils ont commencé à la considérer comme nuisible à une foi réellement vivante.

    Bavinck écrit : « De nos jours, l’aversion pour la dogmatique est universelle. Beaucoup attendent avec impatience un nouveau mot, un nouveau dogme, veulent une religion sans théologie, une vie sans doctrine, et se consacrent donc à un christianisme pratique, non dogmatique ». Il est intéressant de noter à quel point cela ressemble à notre propre époque. Cependant, comme Bavinck l’a fait à son époque, nous devons aussi combattre l’aversion pour l’étude théologique. Nous devons nous réapproprier l’acuité théologique ; nous devons nous réapproprier les credos et les confessions afin de pouvoir être un témoin pour le monde. Un bon point de départ pour cela est l’étude du Credo des Apôtres.

    Puisque le Credo des Apôtres agit comme un résumé des croyances chrétiennes essentielles, puisqu’il nous aide à juger entre les vrais et les faux évangiles, puisqu’il s’agit d’un document entièrement biblique, et puisqu’il nous relie à nos ancêtres théologiques, c’est donc un moyen merveilleux pour commencer l’étude théologique. C’est précisément, ce que cet ouvrage cherche à accomplir. Ainsi, nous étudions le Credo dans le but d’accroître l’alphabétisation théologique.

    Mais, il y a un danger à cela. Parfois, il peut être tentant d’étudier la théologie d’une manière froide et détachée. Il peut être tentant d’arriver à des conclusions théologiques non pas en utilisant l’Écriture et la prière, mais avec une froide logique indépendante. Au lieu de cela, nous devrions suivre les traces de Jean Calvin qui soutient que la doctrine est plus qu’une simple connaissance de tête. « La doctrine n’est pas une affaire de langue, mais de vie ; elle n’est pas appréhendée par l’intellect et la mémoire simplement, comme d’autres branches de l’apprentissage ; mais elle est reçue seulement quand elle possède l’âme entière, et trouve son siège et sa demeure dans les recoins les plus profonds du cœur. »

    Nous ne venons pas au Credo pour obtenir des réponses qui impressionneront notre groupe d’étude biblique. Au contraire, nous venons au Credo pour apprendre à connaître le Dieu qui nous a sauvés et pour que nos cœurs soient de plus en plus transformés par son amour. C’est pourquoi, alors que nous nous lançons dans l’étude de ce document chrétien fondamental, préparons nos cœurs afin que nous puissions rencontrer Dieu d’une manière nouvelle au cours de ce processus.

    Conclusion

    J’espère que les raisons ci-dessus, vous inspireront à commencer le voyage d’étude du Credo des Apôtres. Comme vous pouvez le constater, ce document précieux remplit de nombreuses fonctions pour nous, ce qui je pense, le rend digne d’être étudié. Il résume nos croyances, il nous aide à arbitrer entre le vrai et le faux enseignement, il nous rattache au passé et il nous prépare à l’étude théologique. Pour ces raisons et bien d’autres encore, étudions le Credo avec ouverture d’esprit. Examinons ses lignes et méditons-les afin de développer nos connaissances théologiques. Tournons-nous vers le Credo et entreprenons de connaître Dieu de manière plus approfondie.

    Matthew CROCKER - The Gospel Coalition Canada


    Texte grec
    Le symbole de Nicée-Constantinople a été formulé en grec. Bien que le texte original contienne les termes « Πιστεύομεν… ὁμολογοῦμεν… προσδοκοῦμεν » (Nous croyons… nous confessons… nous attendons), le texte utilisé dans la liturgie met ces trois verbes à la première personne du singulier « Πιστεύω… ὁμολογῶ… προσδοκῶ » (Je crois… je confesse… j'attends), pour accentuer le caractère personnel de la proclamation du credo.

    Πιστεύω εἰς ἕνα Θεόν, Πατέρα, Παντοκράτορα, ποιητὴν οὐρανοῦ καὶ γῆς, ὁρατῶν τε πάντων καὶ ἀοράτων.
    Καὶ εἰς ἕνα Κύριον Ἰησοῦν Χριστόν, τὸν Υἱὸν τοῦ Θεοῦ τὸν μονογενῆ, τὸν ἐκ τοῦ Πατρὸς γεννηθέντα πρὸ πάντων τῶν αἰώνων· φῶς ἐκ φωτός, Θεὸν ἀληθινὸν ἐκ Θεοῦ ἀληθινοῦ, γεννηθέντα οὐ ποιηθέντα, ὁμοούσιον τῷ Πατρί, δι' οὗ τὰ πάντα ἐγένετο. Τὸν δι' ἡμᾶς τοὺς ἀνθρώπους καὶ διὰ τὴν ἡμετέραν σωτηρίαν κατελθόντα ἐκ τῶν οὐρανῶν καὶ σαρκωθέντα ἐκ Πνεύματος Ἁγίου καὶ Μαρίας τῆς Παρθένου καὶ ἐνανθρωπήσαντα. Σταυρωθέντα τε ὑπὲρ ἡμῶν ἐπὶ Ποντίου Πιλάτου, καὶ παθόντα καὶ ταφέντα. Καὶ ἀναστάντα τῇ τρίτῃ ἡμέρα κατὰ τὰς Γραφάς. Καὶ ἀνελθόντα εἰς τοὺς οὐρανοὺς καὶ καθεζόμενον ἐκ δεξιῶν τοῦ Πατρός. Καὶ πάλιν ἐρχόμενον μετὰ δόξης κρῖναι ζῶντας καὶ νεκρούς, οὗ τῆς βασιλείας οὐκ ἔσται τέλος.
    Καὶ εἰς τὸ Πνεῦμα τὸ Ἅγιον, τὸ κύριον, τὸ ζωοποιόν, τὸ ἐκ τοῦ Πατρὸς ἐκπορευόμενον, τὸ σὺν Πατρὶ καὶ Υἱῷ συμπροσκυνούμενον καὶ συνδοξαζόμενον, τὸ λαλῆσαν διὰ τῶν προφητῶν. Εἰς μίαν, Ἁγίαν, Καθολικὴν καὶ Ἀποστολικὴν Ἐκκλησίαν. Ὁμολογῶ ἓν βάπτισμα εἰς ἄφεσιν ἁμαρτιῶν. Προσδοκῶ ἀνάστασιν νεκρῶν. Καὶ ζωὴν τοῦ μέλλοντος αἰῶνος. Ἀμήν.

    Texte latin
    Credo in unum Deum, Patrem omnipotentem, factorem caeli et terrae,
    visibilium omnium et invisibilium.
    Et in unum Dominum Jesum Christum Filium Dei unigenitum.
    Et ex Patre natum ante omnia saecula.
    Deum de Deo, lumen de lumine, Deum verum de Deo vero.
    Genitum, non factum, consubstantialem Patri : per quem omnia facta sunt.
    Qui propter nos homines, et propter nostram salutem decendit de caelis.
    Et incarnatus est de Spiritu sancto ex Maria Virgine : Et homo factus est.
    Crucifixus etiam pro nobis : sub Pontio Pilato passus, et sepultus est.
    Et resurrexit tertia die, secundum Scripturas.
    Et ascendit in caelum : sedet ad dexteram Patris.
    Et iterum venturus est cum gloria, judicare vivos et mortuos : cujus regni non erit finis.
    Et in Spiritum sanctum, Dominum, et vivificantem : qui ex Patre Filioque procedit.
    Qui cum Patre et Filio simul adoratur, et conglorificatur : qui locutus est per Prophetas.
    Et unam, sanctam, catholicam, et apostolicam Ecclesiam.
    Confiteor unum baptisma in remissionem peccatorum.
    Et expecto resurrectionem mortuorum.
    Et vitam venturi saeculi.
    Amen.

    Texte francophone

    Je crois en Dieu, le Père tout-puissant,
    créateur du ciel et de la terre.

    Et en Jésus-Christ, son Fils unique, notre Seigneur,
    qui a été conçu du Saint-Esprit
    est né de la Vierge Marie
    a souffert sous Ponce Pilate,
    a été crucifié, est mort et a été enseveli,
    est descendu aux enfers,
    le troisième jour est ressuscité des morts,
    est monté aux cieux,
    est assis à la droite de Dieu le père tout-puissant,
    d’où il viendra juger les vivants et les morts.

    Je crois en l’Esprit Saint,
    à la sainte Église catholique, ["catholique" signifie "universelle"]
    à la communion des saints,
    à la rémission des péchés,
    à la résurrection de la chair,
    à la vie éternelle. Amen.

     


  • Le Credo au fil des Siècles

    Parmi tous les symboles de la foi, deux tiennent une place toute particulière dans la vie de l’Église :

    Le Symbole des apôtres - d'origine occidentale -, appelé ainsi parce qu’il est considéré à juste titre comme le résumé fidèle de la foi des apôtres. Le Symbole des apôtres est né vers le IIe siècle. À Rome, il a été enrichi et s'est répandu dans tout l'Occident. Il a été fixé sous sa forme actuelle vers le VIe siècle, et sa popularité doit beaucoup à Charlemagne.

    Le Symbole dit de Nicée-Constantinople - d'origine orientale - tient sa grande autorité du fait qu’il est issu des deux premiers Conciles oecuméniques (325 et 381). Il demeure commun, aujourd’hui encore, à toutes les grandes Églises de l’Orient et de l’Occident.

    L'Église d'Orient ne connaît en revanche que le symbole de Nicée-Constantinople, rédigé lors des conciles œcuméniques tenus en 325 et 381 dans ces villes, à partir d'un texte d'Eusèbe de Césarée, qui était probablement la profession de foi baptismale en usage dans l'Église de Jérusalem. L'élaboration de ce texte, qui est reconnu comme le symbole œcuménique de l'unité de l'Église dans la foi, eut d'emblée la perspective de l'unité des chrétiens. En effet, il s'agissait pour l'Église du IVe siècle, traversée par les controverses doctrinales, de contrer l'hérésie d'Arius. Le texte rédigé à Nicée et complété à Constantinople statue ainsi sur la nature pleinement divine et pleinement humaine du Christ, précisant que le Père et le Fils sont de même nature, et enfin que les trois personnes de la Trinité sont égales.

    Malgré la prétention de ce texte à l'unité, les controverses et les divisions ont perduré dans l'Église, surtout en Orient. Les plus célèbres ont été les disputes autour des doctrines de Nestorius (Ve siècle), qui clamait la dualité des natures divine et humaine dans le Christ, puis celles autour du monophysisme (ne reconnaissant au contraire au Christ qu'une seule nature) lors du concile de Chalcédoine (451), ainsi que la dispute du Filioque, nuance théologique répandue à partir de l'Espagne au VIe siècle, et qui atteste que l'Esprit Saint "procède du Père et du Fils".

    D’où viennent ces confessions de foi ? Interrogeons l’histoire.

    1. Dans le Nouveau Testament

    - La profession de foi de Pierre :

    Souvenons-nous de la question de Jésus à ses disciples : « Qui dîtes vous que je suis ?»

    Réponse de Pierre : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » (Matthieu 16:15-16).

    - Le kérygme, premier Credo :

    Après la résurrection et la Pentecôte, ce même Pierre annonce aux foules le Christ Jésus, mort et ressuscité pour le salut du monde. (Actes 2:14-36) « Cet homme, livré selon le plan et la volonté de Dieu, vous l'avez fait mourir en le faisant clouer à la croix par la main des païens… Or, Dieu l'a ressuscité en mettant fin aux douleurs de la mort, car il n'était pas possible qu'elle le retienne en son pouvoir. Ce Jésus, Dieu l'a ressuscité ; nous tous, nous en sommes témoins. Élevé dans la gloire par la puissance de Dieu, il a reçu de son Père l'Esprit Saint qui était promis, et il l'a répandu sur nous : c'est cela que vous voyez et que vous entendez. » - Voir aussi : Actes 3:12-26 ; Actes 4:9-12 ; Actes 5:29-32.

    Cette proclamation, c’est le kérygme, la « proclamation à voix haute », en grec : l'énoncé du coeur de la foi en 4 affirmations :

    · Jésus que les chrétiens appellent Christ, Messie, a été mis à mort,

    · Dieu l’a ressuscité,

    · pour le pardon des péchés et le salut des hommes,

    · nous en sommes témoins.

    Dans les lettres de l'apôtre Paul, on retrouve aussi l’énoncé du Kérygme, par exemple dans 1 Corinthiens 15:1-8 : Proclamation de la foi au Christ, mort et ressuscité, mission d’aller évangéliser.

    - L’affirmation de foi en un Dieu trinitaire :

    Les apôtres reçoivent du Christ ressuscité la mission d’enseigner et de baptiser. L'évangile de Matthieu (écrit vers 80)) se termine par cette phrase :

    « Allez donc ! De toutes les nations faites des disciples, baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. » (Matthieu 28:19).

    C’est la première affirmation trinitaire recensée, ce qui fait l’originalité, la spécificité de la foi chrétienne : un seul Dieu en trois « personnes ». Trois personnes distinctes qui n’en font qu’une.

    On retrouve cette formulation de la Trinité, de ce Dieu Trine chez l'apôtre Paul :

    1 Corinthiens 8:6 : « pour nous, en tout cas, il n'y a qu'un seul Dieu, le Père, de qui tout vient et vers qui nous allons ; et il n'y a qu'un seul Seigneur, Jésus Christ, par qui tout existe et par qui nous existons. »

    2 Corinthiens 13:13 : « Que la grâce du Seigneur Jésus Christ, l'amour de Dieu et la communion de l'Esprit Saint soient avec vous tous. »

    Tout semble simple, puisque dès le premier siècle, la formulation de la foi en ce Dieu Trine est énoncée clairement et distinctement par les apôtres.

    Pourtant, il va falloir trois siècles pour que la formulation du dogme trinitaire soit précisée et définie, avec des débats d’idées parfois houleux et violents.

    Beaucoup de questions se posent aux chrétiens des premiers siècles et des nombreuses doctrines et sectes apparaissent aux IIème et IIIème siècles : des hérésies, c'est-à-dire des choix différents, contraires à que dit l’Église :

    - Les docétistes : le Christ a revêtu une apparence humaine, il ne s’est pas incarné.

    - Les gnostiques : la création n’est pas l’oeuvre de Dieu, rejet de l’Ancien Testament, rejet de l’Incarnation du Christ.

    - Les marcionistes : opposition d’un Dieu bon dans le Nouveau Testament et de celui de l’Ancien Testament.

    - etc...

    Ces hérésies conduisent l’Église et ses théologiens à prier, à réfléchir, pour préciser le contenu essentiel de la foi chrétienne. Ces penseurs, ces théologiens, on les appelle les Pères de l’Église, ceux qui vont définir la foi chrétienne. Car pour beaucoup de croyants, la foi en Dieu Trine, la nature du Christ - vrai Dieu et vrai homme - ne sont pas choses faciles à comprendre, c’est exigeant, comme ça l’est aussi pour nos contemporains, et pour nous.

    - Résurrection ou bien réincarnation ? Dans l’antiquité, dans certaines religions orientales, en Egypte notamment, on croyait en la réincarnation après la mort. Quand est-il pour la foi chrétienne ? On ne conteste pas la résurrection. Il y a des témoins, les apôtres, qui ont vu Jésus mort et ressuscité. Croire en la résurrection fait des chrétiens des fidèles (Fides = Foi).

    - Un Dieu méchant, sévère, celui de l’Ancien Testament, et un Dieu bon et miséricordieux, celui du Nouveau Testament ? Deux dieux ?

    - Un Dieu ou trois dieux (le père, le fils et l’esprit), ou bien c’est le même en trois personnes ?

    - Et Jésus ? Vraiment Dieu, vraiment homme, ou seulement Dieu, seulement homme ?

    Les Pères de l'Église définissent, précisent, argumentent, afin de répondre aux questions qui se posent, afin de conduire les catéchumènes sur le chemin de la vérité et leur permettre ainsi de proclamer leur foi en Dieu Père, Fils et Esprit. Et en ces premiers temps de l’Église, ils sont de plus en plus nombreux, et ceci malgré les persécutions.

    2. Le Symbole des apôtres : le Credo occidental

    Les nouveaux baptisés affirment leur foi lors du baptême. Une forme dialoguée entre le prêtre célébrant et la personne baptisée où cette dernière répond "Oui je crois" aux différents énoncés de la foi.

    On retrouve ces professions de foi baptismale dans différents recueils liturgiques et plusieurs Pères de l’Église l’évoquent, notamment Tertullien et St-Hippolyte de Rome.

    Vers 217, Hippolyte, évêque de Rome, met par écrit les questions posées aux catéchumènes :

    « Crois-tu en Dieu le Père toi-puissant ? Que celui qui est baptisé réponde : Je crois. »

    « Crois-tu au Christ Jésus, le Fils de Dieu, qui est né par l’Esprit Saint de la Vierge Marie, est mort, a été enseveli, est ressuscité vivant des morts dès le 3ème jour, est monté aux cieux, est assis à la droite du Père, viendra juger les vivants et les morts ? Réponse : Je crois. »

    « Crois-tu au Saint-Esprit, à la Sainte Église, et à la résurrection de la chair ? Réponse : Je crois. »

    Chaque réponse est accompagnée d’une plongée dans l’eau : le baptême est administré en trois étapes.

    On peut donc dire qu’à la fin du IIème siècle, l’Église de Rome possède un symbole baptismal où le dogme trinitaire est affirmé. C’est ce texte que nous appelons le « symbole des apôtres », lequel a été entièrement transcrit au IVème siècle en 340. C’est donc l’ancien symbole baptismal de l’Église de Rome. Le symbole des apôtres est appelé ainsi, parce qu’il est considéré à juste titre comme étant le résumé fidèle de la foi des apôtres.

    Par la suite, le symbole des apôtres ne sera plus utilisé, il sera à nouveau employé après Vatican II. Il n'a été officiellement admis que dans l'édition 2002 du Missel romain. C’est celui que nous appelons aujourd’hui « le court ».

    En effet, dès la fin du IVème siècle et jusqu’à Vatican II, on confessera la foi en utilisant le symbole de Nicée-Constantinople dit « le long ».

    De quoi s’agit-il ?

    3. Le symbole de Nicée-Constantinople (325-381)

    Dès le premier siècle, le christianisme se diffuse dans l’empire romain, autour de la Méditerranée, dans les grandes métropoles – Byzance (Constantinople), Rome, Alexandrie, Antioche, ...

    Malgré les persécutions, le nombre de chrétiens ne cesse de s’accroître. Un tournant dans l’histoire de l’Église fut la conversion de l’empereur Constantin au christianisme. Il accorde alors la liberté de culte aux chrétiens. Nous sommes en 313, c’est l’édit de Milan. Il n’y a plus de persécutions. Le danger vient alors de l’intérieur, de ces doctrines qui remettent en cause la foi reçue des apôtres, ce qui menacent l’unité du christianisme.

    Parmi les fausses doctrines : l’hérésie arienne. À Alexandrie, le prêtre Arius (vers 318) développe un courant de pensée. Selon lui, Dieu ne peut pas engendrer, sinon il perdrait quelque chose de son être, de son essence. C’est un Dieu qui crée, qui n’engendre pas. Donc Jésus est une créature. Il a été créé et non pas engendré. Jésus est subordonné au Père. On ne peut pas adorer le Christ puisqu’il n’est pas Dieu.

    Bref, une prédication qui a beaucoup de succès, une doctrine qui préserve l’intégrité de Dieu : Dieu ne peut pas se faire homme.

    La question qui est au coeur, c’est La Question trinitaire :

    - Comment Jésus Christ et l’Esprit saint sont-ils Dieu ?

    - Comment Dieu peut-il être à la fois un et trois ?

    - Comment Jésus est-il fils de Dieu ? Est-il fils adopté ou engendré ? S’il est adopté, il est donc inférieur au Père, de second rang.

    Des débats houleux, la controverse s'envenime rapidement dans les églises orientales. C’est un grand danger pour l’unité de l’Église. L’empereur Constantin, récemment converti, se saisit de la question pour régler cette crise. Il faut définir la foi, et l’empereur réunit un concile oecuménique à Nicée en 325.

    - Le Concile de Nicée :

    Un concile oecuménique, universel, réunissant tous les évêques de l’« oecumène » : c'est le premier concile oecuménique (qui s’étend à toute la terre habitée et à l'ensemble du monde civilisé). 

    Le concile se penche sur cette question de Dieu, Père, Fils et Esprit et donc sur la question de la filiation de Jésus. Il affirme que Jésus Christ est Dieu, de même nature que le Père « Engendré, non pas créé, de même nature que le Père » (Homooussios). Fils unique du Père, engendré par Lui, ayant donc la même substance, la même nature que le Père. Il lui est consubstantiel.

    Le concile condamne la doctrine d'Arius et élabore une définition de la foi : le symbole de Nicée. Il commence en affirmant la foi au Dieu unique, créateur « Nous croyons en un Dieu, Père tout puissant, créateur de toutes choses visibles et invisibles … »

    Pas deux dieux, celui de l’Ancien Testament, dur et injuste, et celui du Nouveau Testament, bon et plein d’amour, mais un seul Dieu créateur et tout puissant. Une toute puissance de l’amour qui se manifeste en Jésus.

    « … et en un seul Seigneur Jésus-Christ, le Fils de Dieu, unique engendré du Père, c'est-à-dire de la substance du Père, Dieu de Dieu, lumière de lumière, vrai Dieu de vrai Dieu, engendré, non créé, consubstantiel (de même nature) au Père, par qui tout a été fait ...»

    « … sans confusion, sans changement, sans division, sans séparation » entre les deux natures. C’est vraiment la proclamation de la foi Trinitaire.

    Il ne suffit pas d’un concile pour tout régler et il y eut des réactions hostiles, surtout en Orient. Des évêques refusent d’adopter ce symbole et sont déposées et exilés avec Arius.

    Pendant 50 ans, on discute, des querelles théologiques ont lieu dans les rues, aux thermes, chez les commerçants … (Cf. Grégoire de Nysse).

    L’hérésie arienne ne disparaît pas, elle va se propager au-delà des frontières de l’empire romain, chez les peuples germaniques, ce qui aura des conséquences lors des invasions en Occident au Vème et VIème siècles.

    Cependant, petit à petit, on adopte le symbole de Nicée, en Occident, à la suite de St-Hilaire de Poitiers. En Orient, c’est plus dur. St-Athanase se bat pour que les décisions de Nicée entrent dans les faits.

    Mais la question se pose pour l’Esprit, un peu oublié à Nicée. On a affirmé que le Fils est de même nature que le Père, l’Esprit est-il de même nature que le Père et le Fils ? Certains soutiennent que l’Esprit n’est pas de nature, d’essence divine. Ce n’est qu’une créature (hérésie pneumatomaque ou macédonianiste).
    Comment résoudre cette question ?

    - Le concile de Constantinople (381) :

    C’est l’empereur Théodose qui dénoue la crise en 381 en convoquant le Concile de Constantinople, 2ème concile oecuménique.

    La foi de Nicée est réaffirmée solennellement et on affirme la divinité du Saint Esprit. Il
    procède du Père et reçoit même adoration et même gloire.

    « … Et en l'Esprit Saint, le Seigneur, qui vivifie, qui procède du Père, qui avec le Père et le Fils reçoit même adoration et même gloire, qui a parlé par les prophètes ... »

    L’empereur Théodose confère aux décrets du concile de Constantinople force de loi.

    On peut parler à présent du symbole de Nicée-Constantinople, issu des deux premiers conciles oecuméniques. C’est ce qui est commun et qui unit les Eglises d’Orient et d’Occident : « le symbole dit de Nicée-Constantinople tient sa grande autorité de ce qu’il est issu des deux premiers Conciles oecuméniques. Il demeure commun aujourd’hui à toutes les grandes Églises de l’Orient et de l’Occident ».

    4. Éphèse et Chalcédoine (431 et 451)

    D’autres conciles vont suivre au Vème siècle à Éphèse et Chalcédoine.

    Jésus est-il vraiment Dieu ou simplement un homme ? Jésus, vrai Dieu et vrai homme ? Plus homme, plus Dieu ? Si Jésus est à la fois Dieu et Homme, alors comment Dieu peut-il être éternel et Jésus avoir une condition d’homme ?

    C’est la question de la nature du Christ. Comment Dieu et l’homme sont-ils unis en Jésus Christ ? L’évêque de Constantinople Nestorius, en réfléchissant à la divinité et à l’humanité du Christ, arrive à la conclusion que Marie ne peut pas être la mère de Dieu, mais seulement celle de l’homme Jésus : Jésus est un homme, en étroite relation avec le Père, mais ce n’est pas Dieu qui s’incarne. Cela remet en cause la divinité de Jésus. En opposition, l’évêque d’Alexandrie, Cyrille, affirme que les deux natures du Christ, humaine et divine, sont unies sans confusion en Lui. Marie peut alors être nommée la mère de Dieu. C’est cette position qui est retenue au Concile d’Éphèse en 431, troisième concile oecuménique. Les deux natures, humaine et divine, du Christ sont unies. Mais sans se confondre, elles sont unies et distinctes.

    Si Nestorius remettait en cause la divinité du Christ, une autre thèse, hérésie, remet en cause l’humanité de Jésus. Eutychès, un moine de Constantinople, affirme que la nature humaine de Jésus s’est fondue dans la nature divine. C’est le monophysisme, une seule nature divine et non plus deux natures unies.

    Au 4ème concile oecuménique à Chalcédoine (banlieue de Constantinople) en 451, l’évêque de Rome, le pape Léon I, formule le dogme suivant : Il y a deux natures unies dans la personne du Christ, mais cette union ne supprime pas la différence. Il est vrai Homme et vrai Dieu.

    Et jusqu’à aujourd’hui …

    Ces quatre conciles oecuméniques sont considérés comme le fondement, la référence de la foi chrétienne. C’est donc ce symbole, tel que l’ont défini et écrit nos Pères dans la foi à Nicée-Constantinople et Éphèse-Chalcédoine que nous proclamons aujourd’hui.

    Toutes ces questions nous emmènent bien loin !
    Avant nous, d’autres se les sont posées, et aujourd’hui les enfants, les jeunes, les parents, les catéchistes se les posent, nous les posent. Cela nous invite à revenir aux sources de la foi transmise par les apôtres et à nous réapproprier le Credo.





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