• Les Bibles françaises
            Comment choisir ?        

     

    Les principales traductions françaises de la Bible

    Pourquoi y a-t-il autant de traductions françaises de la Bible ?
    Et pourquoi sont-elles parfois si différentes ?

    Qui dit «traduction» dit "texte de base" dans une autre langue. Ainsi, les différences peuvent s’expliquer par plusieurs facteurs :

    1. le texte de base est différent ;
    2. les principes de traduction sont différents ;
    3. le niveau de langage est différent.
       

    Le texte de base 

    Il peut être nécessaire de rappeler, avant toute chose, que nous ne possédons aucun manuscrit autographe du texte biblique (c’est-à-dire un manuscrit écrit de la main même de l’auteur ou de celle de son secrétaire). Les textes de l’Antiquité qui nous sont parvenus nous ont été transmis grâce au travail de nombreux copistes. Le papyrus ou le parchemin, matériaux sur lesquels on écrivait, se détériorait, et il fallait le remplacer. Nous n’avons donc que des copies, que l’on appelle néanmoins «originaux» et qui divergent parfois entre elles : elles portent des leçons (c’est-à-dire des textes) différentes pour certains passages, et l’on parle alors de variantes entre les manuscrits.

     

    L’Ancien Testament

    L’Ancien Testament a été écrit majoritairement en hébreu, avec quelques passages en araméen. A l’origine, il comportait uniquement les consonnes des mots. Dès 500 apr. J.-C. et jusque vers 1000 environ, des écoles de scribes apparaissent : celles des massorètes. Leur contribution la plus importante est l’introduction d’une ponctuation et de points-voyelles qui fixent la prononciation du texte. La valeur de ce texte hébreu traditionnel, dit massorétique, a été confirmée par la découverte des manuscrits de la mer Morte, mille ans plus anciens (ils sont datés entre la fin du 3e siècle av. J.-C. et le 1er siècle apr. J.-C.).

    Les manuscrits hébreux en notre possession sont au nombre d’environ 3000, mais le seul complet que nous possédions est le codex Leningradensis, daté de 1008 apr. J.-C. Il est reproduit dans la Biblia Hebraica Stuttgartensia, éditée par la Société biblique allemande depuis 1967, qui signale aussi en note le texte porté par d’autres manuscrits.

    L’Ancien Testament a, par ailleurs, été assez vite traduit en grec, notamment dans la version dite des Septante, réalisée par les juifs dès le 3e siècle av. J.-C. puis recopiée par les chrétiens. On la trouve en particulier dans les codex Sinaïticus, Vaticanus et Alexandrinus, qui portent aussi le texte du Nouveau Testament. C’est une traduction tantôt très littérale, tantôt très libre. D’autres versions anciennes de l’Ancien Testament existent aujourd’hui sous forme de manuscrits : d’autres traductions en grec, des traductions en latin, en syriaque, etc.

    La plupart des versions françaises prennent la Biblia Hebraica Stuttgartensia, et donc le texte massorétique, comme texte de base.

    Lorsque le codex Leningradensis est difficile à comprendre, elles traduisent ce que disent d’autres manuscrits hébreux, voire la version des Septante ou d’autres versions relativement anciennes. Certaines recourent à la conjecture : elles supposent que le texte original a été abîmé et qu’il faut le reconstituer, soit en modifiant les voyelles introduites par les massorètes, soit en découpant les mots différemment, soit en remplaçant une consonne par une autre, proche du point de vue graphique.

    Un exemple ? A la fin d’Esaïe 9:19, le texte massorétique dit : «Chacun mange la chair de son bras.» C’est aussi le texte que porte une partie des manuscrits de la version grecque des Septante et la Vulgate (traduction latine), mais il paraît quelque peu surprenant :

    • Un manuscrit de la Septante porte «frère» à la place de «bras».
    • Le targum (paraphrase en araméen) et la version grecque de Symmaque portent «prochain».
    • Une légère modification du texte massorétique (mêmes consonnes mais autres voyelles) permet, par pure conjecture, de lire «semence» (c’est-à-dire les enfants ou descendants).

     

    Les diverses possibilités évoquées pour ce verset se reflètent dans les traductions françaises. Ainsi, la «Bible en français courant» et «Parole de vie» adoptent la traduction «prochain», tandis que la «Bible du Semeur» parle d’«enfants», suivant la conjecture «semence». La «Segond 21» garde le texte «bras» que, du reste, deux manuscrits de Qumrân appuient.

    Le Nouveau Testament

    Le texte de base du Nouveau Testament est en grec, même si plusieurs spécialistes supposent que derrière certains passages se trouve un original hébreu ou araméen, perdu. Le plus ancien manuscrit connu date d’environ 125 apr. J.-C. Il reste au total plus de 5000 manuscrits portant tout ou partie du Nouveau Testament grec (leur contenu varie de 2 versets au NT complet) et dont les dates de rédaction vont jusqu’au 16e siècle. Ils proviennent de tout le bassin méditerranéen. Parmi eux, 85% environ appartiennent à un grand ensemble appelé «texte majoritaire» ou «byzantin» et sont postérieurs au 4e siècle.

    – Au 15e siècle, de nombreux manuscrits grecs anciens appartenant à des Eglises du Proche-Orient ont été introduits en Europe, où ils ont été étudiés. La première édition du texte grec du Nouveau Testament sous forme imprimée a été celle d’Erasme, en 1516 à Bâle. Sans cesse réimprimé durant trois siècles, ce Textus Receptus, ou «texte reçu [par tous]» du NT grec a servi de base à de nombreuses traductions, dont en français celles de David Martin (1707) ou Jean-Frédéric Ostervald (1744).

    Persuadés que le Textus Receptus est le seul valable, certains ont réédité récemment ces anciennes traductions.

    – Au 19e siècle, la découverte de manuscrits plus anciens en Egypte – le codex Sinaïticus et le codex Vaticanus – a constitué un tournant. Etant donné l’ancienneté de ces manuscrits dits «alexandrins» (datés du 4e siècle apr. J.-C.), beaucoup les ont considérés comme étant les copies les plus fiables des manuscrits autographes et comme possédant, de ce fait, une autorité supérieure aux manuscrits sur lesquels le Textus Receptus était basé.

    Depuis lors, la majorité des traductions françaises prennent pour texte de base l’édition imprimée d’un texte grec du Nouveau Testament appuyé essentiellement sur ces deux manuscrits et communément appelé «Nestlé- Aland».

    – A la fin du 20e siècle, un travail effectué par Hodges & Farstad a permis l’édition d’une version imprimée du Nouveau Testament qui tient compte des leçons de l’ensemble des manuscrits majoritaires, et non de quelques-uns seulement comme le texte d’Erasme. Ce texte grec appelé «texte majoritaire» diffère donc en plusieurs passages du Textus Receptus.

    La «Segond 21» intègre plus que les autres versions des éléments du texte majoritaire. Les mots qui sont absents des manuscrits jugés importants – qu’ils soient alexandrins ou majoritaires – sont placés entre crochets, et l’édition de la «Segond 21» avec notes de référence permet de savoir quels manuscrits portent quel texte.

    Les principes de traduction

    Lorsqu’on émet un discours, 2 éléments essentiels le composent : l’idée que l’on veut faire passer (contenu) et la manière dont on l’exprime (forme). Lorsqu’on effectue une traduction, on peut choisir de privilégier l’un ou l’autre, si bien qu’il existe 2 catégories principales parmi les versions françaises de la Bible :

    1– les versions à «correspondance formelle» (parfois appelées littérales ou semi-littérales) : on cherche à rendre la forme aussi bien que le contenu ; on cherche également à rendre le sens en restant le plus près possible de la forme (structure de la phrase, expressions) du texte original.

    2– les versions à «équivalence fonctionnelle ou dynamique» ici, on dissocie le contenu de la forme ; on cherche à rendre le sens en refusant toute contrainte et toute correspondance liées à la forme de l’original, et on essaie de produire chez le lecteur d’aujourd’hui les mêmes impressions et réactions que le texte original chez le lecteur de l’époque.

    Chacun de ces principes de traduction présente des avantages et des inconvénients (leur liste est loin d’être exhaustive).

     

     Traduction
    à correspondance formelle

     Traduction
    à 
    équivalence dynamique

    +

    On peut davantage se fier à la formulation française pour savoir comment les choses étaient dites dans l’original.

    + 

    Le texte est généralement plus compréhensible parce que plus proche de la structure de la pensée du lecteur moderne, et parce que le traducteur utilise autant de mots qu’il le juge nécessaire pour expliciter la pensée.

    +

    Il est possible de transposer en français les idées du texte original qui dépassent l’intelligence du traducteur.

    + 

    Le texte est généralement plus coulant, plus facile d’accès.

    _

    Le lecteur moderne peut mal comprendre une idée parce qu’elle n’est pas formulée selon sa manière courante de s’exprimer ou de penser.

    La part d’interprétation est plus grande : la traduction ne transmet que ce que le traducteur a lui-même compris (ou croit avoir compris), et le lecteur est obligé de suivre son interprétation, souvent sans même s’en rendre compte. Mais cela correspond-il réellement à la pensée de l’auteur biblique ?

     

    Le niveau de langage

    Certaines traductions françaises de la Bible emploient un vocabulaire très limité. D’autres cherchent à employer un vocabulaire couramment employé aujourd’hui. D’autres, en revanche, estiment qu’il est nécessaire de recourir à toutes les richesses de la langue française et ne rechignent pas à employer des termes que le commun des mortels ne connaît pas ou que les dictionnaires actuels présentent comme vieillis dans ce sens-là.

    Tout autant que le texte de base et que les principes de traduction, le niveau de langage est un critère de choix important. En particulier si l’on veut comprendre ce qu’on lit !

     

    Le choix d’une Bible

    Différentes traductions de la Bible (les plus courantes) :

    1- Traductions + accessibles : les mots employés sont plus simples.

    • «Français courant» : mots du langage courant ;
    • «Français fondamental» : langage limité à environ 3500 mots de la langue française ;
    • «Semeur» : mots accessibles avec parfois des mots ou expressions un peu plus compliqués.

    2- Traductions + techniques : les mots sont plus recherchés et aussi beaucoup plus précis.

    • «Chouraqui» : traduite par un juif (André CHOURAQUI). Version littérale, employant des mots "bruts";
    • «Darby» : version protestante très littérale traduite par John Nelson DARBY;
    • «Jérusalem» : version catholique, employant des termes techniques ou d'un certain niveau. Traduite par les théologiens de l'Ecole Biblique et Archéologique de Jérusalem ;
    • «Segond» : version protestante la plus connue et la plus vendue (traduction par Louis SEGOND) avec des "révisions" successives :

      1910 - Segond (révision de la version 1888)
      1975 - Nouvelle édition de Genève (NEG)
      1978 - Traduction dite à la Colombe.
      2002 - Nouvelle Bible Segond (NBS)
      2007 - Segond 21 (21e siècle)

    • «TOB» : Traduction Œcuménique de la Bible. Version œcuménique traduite par des théologiens catholiques et protestants ensembles.

     

    Ce sont toutes de bonnes traductions. Il en existe d'autres, mais elles sont moins connues.

     

    Choisir une Bible :

    On peut choisir une Bible en fonction :

    1- de la traduction : voir plus haut "Les différentes traductions de la Bible".

    2- de l'utilisation : Bibles pour étudier, Bibles pour lire seulement.

    3- du confort (présentation extérieure) : Bibles à gros caractères, de poche, avec ou sans fermeture éclair, avec ou sans onglets, avec tranches de différentes couleurs, avec couvertures de couleurs, de matières différentes : tissu (toile ou jean), métal, cuir, similicuir, cartonnées, reliées ou brochées.

    Quelle traduction pour quel public ?

    Pour les publics n'ayant jamais lu la Bible, il est conseillé les versions «Français courant», «Français fondamental» ou «Colombe».

    Pour les personnes n'ayant pas spécialement étudié la théologie : «Segond 1910», «Colombe», «NEG», «Semeur», «Darby».

    Pour les personnes ayant un bagage théologique : «Segond NBS», «TOB», «Chouraqui».

    Comment choisir une Bible pour enfants ?

    Pour les tout-petits, il est préférable de choisir une Bible en carton renforcé avec un minimum d'histoires bibliques.

    Pour les plus grands à partir de 3-4 ans environ, choisir suivant les dessins ainsi que la simplicité des histoires.

    Pour ceux qui lisent ou commencent à appréhender la lecture, choisir des Bibles avec des histoires plutôt pas trop longues, mais variées.

    Il existe des Bibles avec le texte intégral en français fondamental : bien pour les "grands", 8-12 ans environ : très coloriées, conviviales.

    Quelles sont les différences entre une Bible protestante et une Bible catholique ?

    Il existe effectivement une différence de contenu entre ces Bibles. Cela vient du judaïsme : des Juifs du 3e siècle avant Jésus-Christ voyageant dans tout le bassin méditerranéen et parlant Grec (l'anglais de l'époque), s'étant établis à Alexandrie en Egypte, traduisirent tous les écrits juifs en Grec : c'est ainsi qu'est née la Septante (traduction par 70 "sages"). Il y avait, dans cette traduction de l'Ancien Testament, des textes controversés, dits deutérocanoniques. Ces textes furent inclus dans les Bibles catholiques, et groupés à la fin de l'Ancien Testament dans les Bibles protestantes (depuis Luther).

    Actuellement, les livres deutérocanoniques ne figurent plus dans les Bibles protestantes, sauf dans les traductions œcuméniques. Les orthodoxes n'ont pas pris position à ce sujet.

    Le Nouveau Testament est identique dans toutes les Bibles.

    Les textes deutérocanoniques sont secondaires par rapport à l'ensemble de la Révélation et n'impliquent pas de différence fondamentale dans le message biblique.

     

    Les caractéristiques des Bibles françaises

    Il est difficile de présenter toutes les traductions françaises existantes de la Bible. Ne sont mentionnées ici que les plus couramment utilisées ou les plus connues, de la plus récente à la plus ancienne.

     

     

     

     

    SOURCES :  www.maisonbible.netwww.clcfrance.com






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